10 octobre 2010

10-10-10 !!

Pour quelqu’un comme moi qui pratique la numérologie, c’est une date que je ne pouvais pas manquer 🙂

3 X 10 = 3 X 1 = 3.

Pour quelqu’un qui est originaire de la ville de Troyes, qui est né le  3ème mois de l’année, le 27 ( 3X3X3), dont le saint a lieu 3 mois et 3 jours plus tard, le 30 juin ( 6ème mois), je ne pouvais pas rester insensible.

Quoique bon, c’est un jour personnel 7 pour un mois personnel 8, et l’analyse de Yves Pflieger donne ça :

Ce matin, vous aurez un punch extraordinaire. Vous n’aurez pas de temps à perdre et vous serez tenté de prendre des initiatives un peu inhabituelles ou osées. Très maître de vous-même, vous aurez tendance à dénoncer les injustices et à parler très directement. C’est un bon support pour entreprendre des démarches, investir ou décider. A partir de midi par contre, il serait sage de ne pas prendre de décisions importantes. Concentrez-vous plutôt sur votre propre défense. Vous risquez en effet de rencontrer des contrariétés que vous ne surmonterez qu’après de nombreux efforts en fin d’après-midi. La soirée sera à nouveau positive.

34 centimes d’euro la minute

Hier j’ai commis cet article, ou plutôt la retranscription d’un article de politis.fr

Cette fois-ci je vais répéter l’exercice avec la chronique de Tahar Ben Jelloun parue dans le monde d’aujourd’hui ( 10-10-10 !!!), et qui me semble aller dans le même sens, y compris celui de «  La fabrique du consentement » de Noam Chomsky. « Le roi est nu et n’aime pas qu’on lui dise »,  » la propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature ».

Lordon, dans son dernier ouvrage rejoint Chomsky dans le thème des  » institutions coercitives » : comment une seule personne peut amener un groupe d’individus à travailler pour elle ?

Revenons à la chronique de  Tahar Ben Jelloun :

Après Guy Debord qui, en visionnaire discret, a très tôt  révélé les mécanismes de la  » société du spectacle » telle que nous la la subissons aujourd’hui dans ses travers, ses extravagances et par-dessus toute sa superbe vulgarité, Raffaele Simone, linguiste italien, élargit le cadre tout en le scrutant avec la loupe de l’évidence lucide dans  » Le monstre doux . L’occident vire-t-il à droite ? » (Gallimard, 180 pages). Mais déjà en 1834, Alexis de Tocqueville nous prévenait :  » si le despotisme venait à s’établir chez les nations démocratiques de nos jours (…) il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans le tourmenter. »

Nous sommes devenus des citoyens abîmés, des clients abreuvés d’images dont le but ultime est de supprimer avec allégresse et consentement notre être libre, nous retirer le statut d’individu en tant qu’entité particucière. Le système démocratique fonctionne comme une musique d’ascenseur faite pour endormir et faire tout accepter. Et ça marche ! Une panne informatique gèle toute documentation. Une erreur judiciaire écrabouille l’individu dans un engrenage dont il sortira en lambeaux. Parfois, il suffit d’un petit tracas technique pour se rendre compte que l’être est en train de perdre son essence et qu’il ne se trouve plus face à un être de chair avec qui parler, négocier et même bavarder, mais face à un semblant d’être qui répond avec une politesse préfabriquée qui devrait nous mettre en confiance.

Celui qui a inventé le téléphone à touches et la voix artificielle est un génie, enfin quelqu’un qui a poussé la déshumanisation des relations entre les citoyens au plus niveau de mépris. Car celui qui vous répond après avoir laissé tourner le compteur du téléphone à 34 centimes d’euros la minute le tems que ça rapporte à la société où il travaille se présente en ces termes  » Daniel, à votre service ». D’abord il ne s’appelle pas Daniel mais Karim ou Abderrazak. Il est dans une cabine en Tunisie, au Maroc ou dans un pays lointain. Il est « gentil », mais se révèle vite incompétent, et vous oriente vers un autre service, souvent appelé « assistance technique ». Là, vous refaites le numéro 008… et vous attendez en vous imposant une musique exécrable ponctuée par uen voix qui vous répète  » nous vous remercions de patienter quelques instants, un conseiller va prendre votre appel ». Vous attendez. Le compteur tourne. Vous calculez que la société est en train de vous prendre de l’argent avec votre consentement. Et soudain, la même voix féminine vous prévient :  » Vu lenombre d’appel, nous ne pouvons pas vous répondre actuellement ; nous vous invitons à renouveler votre appel ultérieurement. » Mais il arrive aussi que Daniel ou Nathalie vous donne des ordres. Faites ce numéro, faites cet autre, introduisez votre identifiant, puis votre code, je vais voir votre dossier, merci de patienter, et voilà qu’on vous demande (pour la énième fois), de vous adresser au « service assistance technique » où  » une cellule » est en mesure d’accéder à votre dossier. Ah, le cher, très cher service technique. C’est le sésame, c’est Georges ou Lucienne, c’est quelqu’un qui existe peut-être et qui résoudra votre problème.

C’est le paradis. La « voix » royale pour la liberté. Mais pour cela, « vu le nombre important des demandes », vous êtes obligé d’attendre  » entre dix et vingt et un jours ». Passé ce délai, ne recevant rien, vous rappelex Georges ou Lucienne, et là, catastrophe, c’est  Philippe ou Marie qui vous répond. Ils ne sont au courant de rien. Il faut repartir de zéro et, armé ou non de patience, vous avez envie de hurler, d’appeler la police ou la gendarmerie, le préfet, le maire, le ministre… Bref, vous venez de découvrir à l’occasion d’un problème de connexion que vous êtes un dossier muni d’un RIB, et vous n’avez aucun moyen de vous défendre, aucune possibilté de vous trouver en face d’une personne et de lui parler, à moins de faire partie de la  » VIP- society » qui a droit à un traitement de faveur.

Cequi se produit avec les sociétés de la téléphonie et d’Internetest en fait la quintessence de la société  » monstrueusement douce » que nous préparent les politiuques sans âme, sans sincérité, devenus les jouets de la société du spectacle. Et qui sont inaccessibles, du simple fait qu’ils sont eux-mêmes les pantins d’un système où la vieille bureaucratie dont on se plaignait est devenue un monstre invisible, interchangeable, où d’un côté le citoyen est démuni, et de l’autre les petits malins de la finance ont mis au point une machine à sous qui rapporte à chaque fois que vous êtes en difficulté. A raison de 34 centimes d’euro la minute, multipliés par des milliers de clients mécontents par jour, multipliés par un temps assez long, l’opérateur n’a plus besoin de travailler, il suffit qu’il installe un centre d’appel délocalisé dans un pays où la journée de travail est payée quelques euros, et voilà la boucle est bouclée.

Tout ce la est légal. Les contrats ont été signés. Les gens se plaignent mais sont impuissants. Telle est l’époque. On s’y fait ou se tait. Nous voilà devenus des individus avec un peu moins de liberté chaque jour qui passe. Tout a été calculé, prévu au moindre détail par des technocrates, pour que le citoyen soit dépouillé en toute légalité et qu’il ferme sa gueule, car au bout du fil il a un malheureux étudiant qui se fait appeler David ou Kevin pour le rassurer et faire fonctionner la machine à sous.

Pendant ce temps-là, la médiocrité généralisée et la vulgarité de certains amuseurs publics se répandent et occupent notre part de cerveau encore disponible. Et nous sommes consentants !

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En constatant le travail de ces intellectuels, linguistes, spécialistes ès lettres, on comprend pourquoi l’enseignement des sciences sociales devient le parent pauvre, pour ne pas dire abandonné, de l’enseigenement universitaire aujourd’hui.

Loin de l’utilitarisme économiste, ces intellectuels dérangent au plus haut point.