le jardin d’Epicure
Barcelone, Place Cataluña 23 mai 2011
« Le chaînon manquant entre le singe et l’Homme, c’est nous » (Hubert
Reeves)
« La richesse a toujours été un bien public » ( Arthur Rimbaud)
Quelques définitions
Je commence cet article avec les définitions suivantes, a voir si ensuite je ne me perd pas en chemin….
Hédonisme comme pensée philosophique
L’atomisme est une théorie physique proposant une conception d’un univers discontinu, composé de matière et de vide. Selon les atomistes, les atomes composant l’univers sont tous de même substance. Ils sont insécables et ne diffèrent les uns des autres que par leur forme, leur position et leur mouvement. Cette doctrine s’apparente au monisme.
Hissons les voiles et tentons de garder le cap, à l’instar d’ Henri Laborit dans son prologue du voilier de « L’éloge de la fuite » :
« Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.
Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».
Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l’œuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n’a pas d’autre raison d’être que d’être. »
Le bien vivre comme devoir, le bonheur comme obligation morale
Quand je m’assois à table pour manger, quelle question dois-je me poser : j’ai le droit de bien manger ou j’ai le devoir de bien manger ?
Évidemment les deux réponses sont correctes. seule notre attitude change.
Je peux revendiquer mon droit au bien manger en participant à des associations de consommateurs, par exemple. Agir face aux autorités responsables de tout ce qui tombe dans notre assiette. Puis attendre une réponse des dites autorités. Ou bien ne rien faire et continuer à parler de notre droit.
En revanche, revendiquer le bien manger comme un devoir m’oblige à rester vigilant et actif de façon permanente. Je cesse d’être passif et ma qualité de vie devient une obligation morale.
Les trois plaisirs
Epicure dans sa doctrine du » calcul des plaisirs » – source de tant de malentendus- définit trois types de plaisirs : le naturel et nécessaire qu’il faut favoriser, le naturel et non nécessaire qu’il faut admettre, et le non naturel et non nécessaire qu’il faut fuir.
Le « bien » manger, le bien vivre sous-entend la qualité des produits qui elle-même sous-entend un coût.
Les mouvements populaires actuels, de Tunis à Madrid sont des solicitudes pour la qualité de vie : vivre ensemble sans le stress provoqué le management d’entreprise généralisé comme méthode de gouvernement, sans répression policière contre les pauvres, les chômeurs que la rhétorique actuelle transforme en responsables de tous les maux de nos sociétés.
Le bonheur d’être ensemble, de se sentir solidaires – s’il s’agissait de la priorité de nos gouvernants – participerait à l’équilibre des comptes de la Sécurité Sociale : moins d’arrêts maladies, moins de psychotropes pour pouvoir supporter le monde dans lequel nous vivons. Baisser les coûts publics que nous utilisons pour corriger les désastres provoqués par l’économie financière au lieu de faire payer ceux qui n’en peuvent mais….
Amin Maalouf dans « Le dérèglement du monde » ou Henri Laborit dans » L’éloge de la fuite » nous proposent l’imagination comme chemin vers la liberté, la nécessité de créer un monde nouveau pour en créer un où nous aimerions vivre.
Puisque le plaisir est cette chose que nous recherchons naturellement, pourquoi accepter un monde si dur, si intraitable ?
Pourquoi ne pas établir l’hédonisme comme projet politique ?
Une société qui cesserait de gaspiller l’argent public pour réparer ce que détruit le capitalisme financier devant lequel les dirigeants politiques se sont agenouillés.
Les fleurs de la mer
Je remercie la mer, le vent et le soleil pour les moments que je passe. Nos ancêtres les égyptiens avaient raison d’adorer le soleil. Le soleil est le seul élément de notre environnement qui donne sans rien demander en retour; pas d’attention ni manutention.
Le soleil donne. Le soleil n’est pas ce concept abstrait que certains appellent « Dieu ».
Les humains ont toujours été monothéistes ; ce que nous appelons polythéisme n’est rien d’autre qu’un olympe de dieux, demi-dieux, héros dirigés par » dieu en chef » , autant dans les croyances égyptiennes, romaines ou grecques.
L’olympique vaticanesque n’est rein d’autre qu’une adaptation de cette organisation hiérarchique. Un dieu en chef, sa famille, des saints, des prophètes et apôtres, seuls les noms changent. Mais à se revendiquer monothéistes, les croyances nées de la bible inventèrent une forme d’intolérance qui fut le germe des dictatures qui virent le jour durant les siècles suivants : monarchies, dictatures militaires, religieuses ou athées, le monothéisme n’a été qu’un coup d’état machiste.
Le concept abstrait – dieu- globalise les éléments que nous sommes incapables d’identifier du fait de cette paresse mentale à laquelle nous poussent les religions monothéistes.
La lutte actuelle contre la globalisation que nous vivons aujourd’hui est aussi une lutte contre ces vieilles que nous voyons mourir sous nos yeux. Le retour à l’ordre moral est leur dernier soubresaut, leur chant du cygne.
Et c’est pour ça que je remercie le vent, le soleil et la mer….
Je cultive mes fleurs, fleurs du mal, fleurs de mer …Dans mon jardin épicurien.
Revolution technologique