PIGS
« Quand une femme dit non, c’est non » dit très justement Gisèle Halimi à propos de l’affaire DSK.
Il y a exactement 6 ans, un 29 mai 2005, c’est tout un peuple qui a dit NON. 6 ans que des élus violent le droit de ce peuple qui a rejeté un référendum qui décidait d’en finir avec la notion même de service public accessible à tous.
Je continue cet article au rythme de la lecture de cet essai essentiel d’Amin Maalouf, que je range à côté de « Culture et impérialisme » d’Edward W Said et « Les damnés de la Terre » de Frantz Fanon.
J’ai été tenté de retranscrire de nombreux passages mais il y a tant à dire de ce livre que je ne peux pas choisir.
Je me limiterai à recopier la dernière page de l’épilogue « Une trop longue préhistoire ».
« J’ai cité quelques facteurs qui permettent de garder espoir. Mais la tâche à accomplir est titanesque, et elle ne peut être confiée à un seul dirigeant, aussi lucide et persuasif soit-il, ni à une seule nation, aussi puissante soit-elle, ni même à un seul continent.
Parce qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en place un nouveau mode de fonctionnement économique et financier, un nouveau système de relations internationales, ni seulement de corriger quelques dérèglements manifestes. Il s’agit aussi de concevoir sans délai, et d’installer dans les esprits, une tout autre vision de la politique, de l’économie, du travail, de la consommation, de la science, de la technologie, du progrès, de l’identité, de la culture, de la religion, de l’Histoire ; une vision enfin adulte de ce que nous sommes, de ce que sont les autres, et du sort de la planète qui est commune. En un mot, il nous faut « inventer » une conception du monde qui ne soit pas seulement la traduction moderne de nos préjugés ancestraux ; et qui nous permette de conjurer la régression qui s’annonce.
Nous tous qui vivons en cet étrange début de siècle, nous avons le devoir – et, plus que toutes les générations précédentes, les moyens – de contribuer à cette entreprise de sauvetage ; avec sagesse, avec lucidité, mais également avec passion, et quelques fois même avec colère.
Oui, avec l’ardente colère des justes »
Oui, tout est à réinventer.
Depuis quelques mois, quelques semaines, quelques jours des évènements importants se produisent dans le pourtour méditerranéen.
Dans ces vieux pays, dans ces anciennes contrées qui vu naître la philosophie, la démocratie, ds religions qui survivent encore et qui se pratiquent sur toute la surface du globe.
Ce sont, entre autres, ces pays que la finance de Wall Street a appelé les PIGS ( les cochons) : Portugal, Italie, Grèce, Spain. l’Italie a remplacé l’Irlande, ouf.
Venant d’un endroit qui préfère importer des cuisiniers italiens ou français parce que ses habitants sont incapables d’apprendre à faire correctement à manger, qu’ils ignorent le plaisir de la table si ce n’est dans un restaurant de luxe, d’un pays qui n’existait simplement pas lorsque les européens écrivaient leurs premières lois…
Remplaçons dans le dessin animé de Tex Avery le loup nazi par un loup ultra libéral, et la maison en pierre par un pays qui a su maintenir la protection sociale de sa population…
Du plaisir d’apprendre
Amin Maalouf nous propose en épicurien tel qu’il se proclame de remplacer un monde où le communautarisme ( un apartheid qui n’a jamais cessé d’exister) engendre haine et violence enrobé d’une pseudo culture globale qui n’est qu’une bouillie informe par un apprentissage permanent de l’autre et de notre environnement : apprentissage des langues, de la science, de la philosophie, de la culture.
Il termine son livre par le terme » colère ». C’est de la colère que je ressens également quand je constate le niveau culturel de mes contemporains. Non pas que j’estime que le mien soit supérieur, mais armé d’un simple CAP de cuisinier, je crois un niveau de connaissance qui ne correspond pas à celui que les préjugés pourraient me prêter.
Colère que je ressens en entendant les discours politiques des dirigeants français actuels.
Someday, someday…